Aperçu sur les règles de Babel (1)

Doter Babel d’un système de règles aura été un sacré défi. J’espère qu’il sera dans l’ensemble rempli. Moi, en tout cas (vous la sentiez venir celle-là, non ?), j’en suis plutôt content. ^^

D’une part, j’ai d’emblée écarter l’idée d’un système lambda, un peu passe-partout, façon « tu prends Cthulhu et tu adaptes ». D’abord, pour des rasions personnelles. J’aime découvrir de nouveaux systèmes de jeu quand je joue ou même quand, simplement, je lis un JdR sans pour autant aller plus loin avec lui. Du coup, j’aime aussi les concevoir, les développer et les tester. Comme pour Terra Incognita, je ne souhaitais donc pas me priver de ce plaisir. D’ailleurs, léger hors-sujet, on verra que le système de jeu de TI 2 est sensiblement différent de celui de la première édition (on en reparlera après Babel).

D’autre part, l’univers de Babel est un multiverse de grande ampleur puisque tout peut devenir l’environnement de jeu des PJ, depuis un monde réaliste et contemporain jusqu’à… bah… n’importe quoi qui se trouve écrit dans un livre de fiction un jour. Cela peut être du space op’ de l’âge d’or, du sword & sorcery, des Fables de La Fontaine, Oui-Oui au Pays des Jouets, que sais-je encore ?! Autant dire qu’il fallait un système souple et qui ne s’encombre pas trop des détails, sous peine de devoir sans fin anticiper des choses qui pourraient s’avérer utiles dans tel ou tel contexte.

Il fallait donc mettre l’accent sur la narration, sur donc ce qu’entreprennent les PJ sans trop s’encombrer des détails sur les moyens mis en œuvre pour le faire.

Le déclic est venu en jouant à des jeux de société legacy ou, au moins, évolutifs. Vous savez ? Ces jeux où on déchire des cartes, colle des autocollants sur le plateau et où on ouvre des enveloppes pour révéler de nouveaux éléments de jeu. J’adore ! Et là, puisqu’on est en JdR et qu’il n’y a donc ni cartes, ni plateau, ni matos à révéler, il suffisait de le généraliser à tous les éléments narratifs du jeu bien dans l’esprit quasi-punk, disons au moins do it yourself, qui sied si bien à la pratique du JdR sur table : à la place d’une feuille de perso, on allait avoir des mots écrits sur des petits papiers.

Oui, voilà, à Babel, jeu écrit en hommage aux livres et aux univers de papier, on allait froisser du petit papier, le rouler en boule, le défroisser voire même, oui, le déchirer. Mais comme ce n’était jamais qu’un post it ou, pour les plus riches d’entre vous, une fiche Bristol, cela ne devrait pas soulever les mêmes polémiques que dans le jeu de plateau ^^

L’idée de base est donc d’avoir les Traits qui définissent son personnage (savoirs, savoir-faire, contacts, matos notable… n’importe) écrits sous forme de mots-clefs voire de phrases sur des petits bouts de papier disposés devant soi en guise de feuille de perso éclatée. Pour remporter une scène, classiquement, on lance quelques dés (j’y reviendrais peut-$être dan un autre article mais rien de ouf : des D10 contre une Difficulté pour obtenir des succès – ou pas – sur chaque dé) mais, si on veut accroître ses chances, il est préférable d’y investir un ou plusieurs Traits appropriés. On en réunit alors les petits papiers en question pour matérialiser la situation.

Grâce aux Traits investis dans la scène, le joueur peut agir sur le destin de son personnage, en particulier en relançant les dés de son choix. Cela dit, pour pouvoir faire cela, il va devoir dégrader ses Traits qui vont passer, au fur et à mesure de leur usage dans différents états, à savoir* :

Selon la façon dont il a été utilisé dans le récit, un Trait sur feuille volante peut se retrouver dans plusieurs États :

– À livre ouvert : c’est le cas le plus simple et le plus courant : la feuille volante est posée face écrite sur le dessus. Cela veut dire que le Trait est disponible.

– Une page se tourne : quand un Trait a été employé pour relancer le dé, on retourne la feuille volante. Le Trait pour lequel une page se tourne existe toujours bien sûr. Il fait toujours partie du profil du personnage. Ainsi, le mot–clef peut toujours être utilisé pour rendre les choses plus personnelles (et donc relancer le dé). Pour rétablir le statut « à livre ouvert » (et donc retourner le feuillet côté écriture), il suffit de l’introduire d’une façon différente dans le récit. En effet, un Trait est un élément constitutif du PJ : ce n’est pas seulement un truc pratique sur lequel s’appuyer pour relancer le dé ! Il suffit donc de mettre en jeu ce mot–clef de sa propre initiative en dehors d’une scène nécessitant un jet de dés. Le MJ se montrera très ouvert sur de telles initiatives des joueurs.

– Roulé en boule : quand un Trait en État « une page se tourne » est utilisé malgré tout pour relancer le dé, il devient « roulé en boule ». Concrètement, le joueur prend la feuille volante et en fait une vulgaire boule de papier. Désormais illisible, le Trait n’est plus utilisable. Un Trait « roulé en boule » peut toutefois encore être réparé. Là aussi, il suffit de mettre ultérieurement en scène ce Trait dans le récit. Attention, néanmoins, dans ce cas, c’est au MJ seul que revient l’initiative. Il ne s’agit pas cette fois-ci d’une apparition furtive ou anecdotique du Trait dans le récit, mais quelque chose qui doit au contraire être suffisamment prégnant pour justifier la « remise à plat » du Trait. La feuille volante peut alors être littéralement « remise à plat » : le Trait passe en État « froissé ».

– Froissé : la feuille volante est alors replacée dans un état assez similaire à son État initial : « à livre ouvert ». Elle restera toutefois manifestement « froissée ». Cela a aussi du sens en jeu : cela signifie que le Trait est d’une certaine façon abîmé et donc moins efficient, plus fragile (une réputation écornée, un matériel défectueux, une relation rabibochée, etc.). Cela dit, le Trait, même « froissé », peut être sollicité pour relancer le dé. Classiquement, un Trait froissé dont l’État se dégrade est placé en situation « une page se tourne ». Toutefois, s’il vient à être à nouveau dégradé, le Trait froissé passe directement en État « déchiré en mille morceaux ». En clair, il ne peut pas être une deuxième fois « roulé en boule ».

– Déchiré en mille morceaux : si cela doit se produire, c’est–à–dire si le joueur doit encore dégrader ce Trait à la fois Froissé et Une page se tourne, alors, le joueur le fait passer dans son État ultime : « déchiré en mille morceaux ». Le joueur n’a plus rien d’autre à faire que prendre la feuille volante et la réduire en confetti. Le Trait est définitivement perdu. Il ne faut pas oublier de mettre en scène dans le récit les conséquences forcément dramatiques d’une telle perte.

*Petit point de détail, le texte ci-dessus est issu de Babel Initiative! dont les règles sont simplifiées mais restent dans le même esprit et sont plus synthétiques pour la compréhension de cet article.

Le système étant légèrement inhabituel, j’ai voulu le livre de base le plus didactique possible, faisant la part belle aux exemples, très nombreux, qui occupent environ une page sur deux du chapitre de règles pures, sur le modèle de l’excellent Technoir mis en page par John Grümph, que j’avais beaucoup apprécié pour cela.

L’autre point de règles qu’il me semble intéressant de présenter sans devenir assommant est le système d’Autorité qui sert quand les PJ usurpent le statut d’auteur (d’où le nom) dans un monde de livre. J’y reviendrai donc dans un prochain article.

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