Fan de… Warsaw

Oui, il en reste. La preuve. Voilà ce que j’écrivais sur mon ancien blog lors de ma découverte du jeu de chez John Doe :
Wargasm, wargasm one, two, three
Tie a yellow ribbon around the amputee
Masturbate watch it on TV
Crocodile tears for the refugee
Wargasm, wargasm one, two, three
Smutty, bloody pictures, ecstasy (…)
Aha, non mais, y a pas que vous qui avez eu une jeunesse en jeans et gros cheveux. Moi aussi je peux citer des paroles de chansons de djeunes dans mes articles. Et toc.Bref, parlons de cette jolie découverte dans le monde merveilleux du jeu de rôles francophone : Warsaw.

John Doe, mon ami (de l’) imaginaire

J’aime ces gars ! Vive John Doe et leur politique éditoriale !

Moi, mon problème n’est pas d’avoir ou pas le temps de lire des bouquins de 400 pages. Si le sujet me plaît, je suis content d’en avoir 400 pages (cf. Eclipse Phase). Moi, mon problème, c’est ma conscience (celle avec une auréole). Devant un gros bouquin de 400 pages de jdr à 50 euros, elle me dit : « Allons, benêt, que vas-tu faire de cet énième livre de jdr alors que tu as déjà de quoi jouer jusqu’à la maison de retraite ? Tu n’as pas plutôt une maison/voiture/vacances/impôts (ne rayez aucune mention inutile) à payer ? ». Et moi de reposer le bouquin sur la pile. Sans plus de regret que cela, d’ailleurs.

Et puis vint John Doe (et d’autres aussi). Un bouquin pas bien épais (128 pages) mais beau comme un camion (la couv’ est superbe à mon goût, la fiche de perso aussi d’ailleurs), proposant un jeu complet et original pour 22 euros ? Conscience KO au 1er round. Sans plus de remord que ça, d’ailleurs.

Edouard Herriot et le jeu de rôles

Warsaw fait partie de cette famille, de plus en plus grande d’ailleurs, des jeux qui « jouent avec l’Histoire ». Il s’agit d’une uchronie guerrière dans laquelle la Première Guerre Mondiale n’a jamais pris fin sur le front est et s’est poursuivie jusqu’aux années 1960, se cristallisant essentiellement sur la Pologne et sa capitale (Varsovie = Warsaw, Ok ?). Les armées de deux états devenus totalitaires, l’Allemagne ultranationaliste à l’ouest et la Russie soviétique à l’est, ne cesseront de s’y battre tant qu’un des leurs sera encore en état de tenir les armes.

Oulah ! J’appelle tout de suite Libé pour qu’ils fassent un article ou bien ?

Pas du tout. L’exercice était pour le moins risqué et pour beaucoup d’auteurs tout ce beau pitch aurait fini en en soldats à croix gammée, dictateurs à moustaches et fines aventures où on prend des camps de déportation d’assaut. Ce n’est pas le cas ici et la lecture des 128 pages de Warsaw ne m’a pas laissé une seule fois un arrière goût douteux dans la bouche.

Enfin, pas trop.

Je m’explique. Et c’est là où intervient ce bon vieux Edouard Herriot. C’est le type qui, un jour, a dit de façon sentencieuse : « La politique, c’est comme l’andouillette ».

Non, alors, c’est pas tout car sinon ce ne serait pas très finaud comme citation. Il a aussi ajouté : « Il faut que ça sente la merde mais pas trop. »

Et bien, on pourrait dire pareil de l’uchronie en général et de celle-ci en général. Tant qu’à faire de l’uchronie, autant qu’elle nous interpelle et qu’elle ne se contente pas de nous permettre de faire mumuse avec des tanks à vapeur ou des zeppelins blindés.

Dans Warsaw, c’est tout à fait cela. Le thème du jeu n’est ni la Première, ni la Seconde Guerre Mondiale. C’est la guerre totale et ses corollaires atemporels : régimes totalitaires, guerre à mort, déshumanisation des soldats, propagande, prise à partie des civils… Tout cela est très bien traité dans le jeu sans pour autant tomber dans le graveleux ou le trop clairement référencé. Ainsi, on appréciera la discrétion totale des auteurs (au fait : Julien Heylbroeck et Willy Favre) sur la question juive, par exemple. Pas non plus de parti pris : on peut indifféremment jouer l’un des deux camps ou aucun des deux (résistants polonais, bandits cyniques ou reporters par exemple) car là n’est pas le plus important. L’important, c’est que les PJ survivent et se battent à Warsaw.

128 pages, c’est bon mais c’est court

C’est ça le problème avec le format DOA de John Doe. Quand on a franchi le pas et qu’on aime, on en voudrait plus. Ici, le système de jeu occupe plus de 50 pages et du coup on manque de place pour le reste. A ce propos, très bien ce système de jeu d’ailleurs. Simple mais complet (normal pour un jeu de guerre/survie). L’utilisation de réserves évolutives pour le stress et l’adrénaline me parlent tout particulièrement : c’est un peu mon dada question système de jdr. Le système gérant la faction ( = organisation) des PJ est très utile également.

Le problème est déjà plu sensible au niveau du background : la ville Warsaw reste une esquisse et on aurait aimé avoir les 90 pages de Hellywwod sur Heaven harbor là aussi. Les factions avec lesquelles devra composer celle des PJ me semblent notamment être trop peu décrites.

Enfin, le parent pauvre du bouquin, ce sont les scénarios. Un seul, moyennement convaincant d’ailleurs à mon goût et quelques pistes sur deux pages pour une campagne. C’est très peu. Espérons que les auteurs et, peut-être, les fans pallieront à ce (menu) problème très rapidement !

Moi, en tout cas, je suis séduit.

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