Di6dent, c’était quoi ?

Bon, d’abord, un rappel : Di6dent, c’est mort. Ou presque.

Di6dent, cela a été pendant quand même 7 belles années de 2010 à 2016, une revue au format mook (contraction entre magazine et book) consacrée aux jeux de rôles et à ce que nous avions appelé alors, faute de mieux, la « culture rôliste ».

Nous avons sorti au total 15 numéros auxquels il faut ajouter un numéro 0 déjà de belle facture et même un hors-série dédié aux scénarios. Honnêtement, même si cela n’a pas duré aussi longtemps qu’on l’aurait aimé, c’est quand même une belle aventure dans la longue histoire des médias rôlistes francophones.

Di6dent : la belle histoire, lalaï-lalaï (air pas si connu)

Sur l’ancien MeC, j’avais rédigé cette FAQ à destination de ceux qui se posaient des questions sur Di6dent, ses origines, sa ligne éditoriale, etc. Cela n’a plus autantd e raison d’être qu’auparavant mais, finalement, cela peut renseigner ceux qui, simplement, se posent des questions sur l’histoire récente de leur loisir préféré. Juste, attention : je ne suis à moi tout seul (ou même à deux en comptant David, lui aussi de l’équipe originelle du mag’) Di6dent. Ces propos n’engagent donc que moi. Mais je pense que les autres membres de la Redac6on s’y retrouveront.

Q : Di6dent a-t-il été créé pour faire chier Casus Belli (d’où le nom, c’est bien connu) à l’époque ?

R : Non. Di6dent, outre le clin d’œil au nombre de membres fondateurs, c’est l’idée de promouvoir un loisir différent des autres, pas la prétention de faire un mag’ de JdR différent du grand frère.

Surtout, la question ne se pose pas car, quand J2J (Julien De Jaeger, créateur du mag’ et seul rédacteur en chef de celui-ci) rameute ses potes pour leur proposer de faire un mag’ de JdR (cet homme est un grand malade), on est au printemps 2010. Casus Belli v2 est mort depuis 2006. J’ajoute que Backstab est mort depuis 2005, Black Box (qui nous bottait bien) depuis 2008, Dragon Rouge en 2009… bref, c’est l’hécatombe. Il ne reste alors que JDR mag’ et, en tant que rôlistes, on a honte (on parle bien de l’ancienne mouture, hein, pas de quiproquo…).

J’ajoute que au moment où on bosse sur notre #0 (sorti en septembre 2010), on n’a aucune info sur la v3 de Casus Belli, celle menée par Tristan Blind et Stéphane Gallot. Ils bossent de leur côté, nous du nôtre. Quand on se découvre mutuellement, on joue les grandes personnes et ils ont le suprême bon goût de nous faire une place sur leur stand du Monde du Jeu : la classe américaine.

Di6dent : la belle histoire, lalaï-lalaï (air pas si connu)

Q : Di6dent est-il responsable de la dispersion des énergies entre tous ces titres de presse rôliste entre mag en kiosque, mooks, webzine de qualité, etc. ?

R : en se flagellant, on peut toujours se dire que oui puisqu’on n’a pas (pas plus que CB donc) réussi à satisfaire les attentes de tout le monde. Mais, en fait, franchement : non, faut pas déconner.

Quand on découvre l’existence du reboot de CB, on ne peut pas sérieusement tout lâcher alors qu’on vient juste de former l’équipe, de brainstormer pendant des mois (car, oui, une ligne éditoriale, ça ne se construit pas en 15 mn au détour d’un fil de commentaires Facebook), de faire naître l’identité graphique choisie par J2J, etc. En plus, malgré toute la sympathie que nous avons gardée pour les deux gentlemen de CB v3, on n’est pas tout à fait persuadés que les choix opérés sur ce Casus là sont très pérennes (kiosques, mensuel, axé sur l’actu, etc.). La suite nous donne raison, hélas, puisque la v3 de CB cesse de paraître dès mars 2011.

L’équipe de Black Book Editions, qui reprend le titre dans la foulée, a aussi le bon goût d’entrer tout de suite en contact avec nous. Pour autant, à ma connaissance, il n’y a pas eu à cette occasion de véritable discussion sur une collaboration. On le comprend d’ailleurs. BBE venait de racheter le titre, c’est pas pour y accoler un « Di6dent » en sous-titre, ça n’aurait ressemblé à rien. Si j’ai bien compris les échanges de l’époque, la seule opportunité qui nous était proposée, c’était de nous saborder pour, éventuellement, intégrer la rédac’ du nouveau mag’. Proposition flatteuse mais que nous avons refusée. Il ne faut pas oublier que Di6dent, c’était aussi une aventure humaine. Une dizaine de potes, des idées en commun, une certaine fierté du chemin parcouru… oui, c’est vrai, on a refusé.

En toute franchise, j’ajouterais qu’on n’était pas non plus hyper persuadés que ce nouveau reboot de CB allait fonctionner. Jurisprudence Black Box oblige, on était sceptiques sur la pérennité du projet. Sur ce point, il faut concéder notre erreur de jugement : CB v4 est devenu un pilier, accumulant les numéros de qualité et retrouvant à peu près la périodicité promise. Bravo à eux, nous sommes leurs premiers lecteurs.

En parallèle, des webzines de qualité comme Le Maraudeur (dès novembre 2010) ou Les Chroniques d’Altaride se sont lancés de leur côté avec un certain succès. Je ne me souviens pas avoir eu de contact préalable avec eux. Nous ne connaissons donc pas les motivations qui ont présidées à tout cela.

Di6dent : la belle histoire, lalaï-lalaï (air pas si connu)

Q : Di6dent a-t-il eu peur de la concurrence ?

R : sans prendre le boulard, non. Je crois que l’on peut dire que Di6dent a su dégager une ligne éditoriale propre, inimitée depuis. Il n’y a pas eu d’autre véritable mook (pas de pub, par exemple) sur le marché. Nous étions ainsi totalement indépendants des éditeurs. Enfin, il y avait la synergie avec le Fix qui nous permettait de traiter l’actualité sans faire périmer notre mook au bout de 6 mois.

Je ne pense pas non plus que la multiplication des titres posait un problème financier. Le JdR est un marché de passionnés et moi, par exemple, j’ai toujours acheté tout ce qui traînait comme zines, depuis toujours. A cela s’ajoute le fait que les webzines sont gratuits. Il n’y a pas eu, je pense, de fuite des clients. Peut-être même une dynamique favorable à la presse rôliste quelle qu’elle soit.

Par contre, indéniablement, on y a perdu en ressources humaines. C’est un fait avéré. On a vu des auteurs qu’on appréciait, avec lesquels on était en contact étroit, préférer aller signer dans Casus pour des raisons plus que légitimes (d’audience, de rémunération, etc.). On s’est aussi dit plus d’une fois que des plumes talentueuses auraient pu nous rejoindre, nous, plutôt qu’un webzine.

Q : Di6dent avait-t-il un rapport avec le Fix ou pas ?

R : Carrément. C’est la même Redac6on qui faisait à l’époque les deux. Le Fix, c’était la partie volatile de notre traitement du vaste thème du JdR francophone. Au bout de 2/3 semaines, le fichier du Fix se périmait. Par contre, le mook papier pouvait utilement se conserver pendant des années.

Q : et du coup, Di6dent est mort de quoi ?

R : clairement, de notre propre lassitude. Di6dent, c’était payant pour le lecteur mais 100 % bénévole pour les rédacteurs (et maquettistes, illustrateurs…). Tous les revenus étaient absorbés dans les frais d’impression et d’expédition, crève-cœur nécessaire pour pouvoir produire de si petites séries. Disons que c’était notre BA de rôlistes passionnés pour permettre à un mag’ de qualité (de notre humble point de vue, s’entend) de survivre dans ce qui était, à nos débuts, le marasme de la presse rôliste.

Comme on l’imagine aisément, ce modèle économique n’est ni sain, ni pérenne. Au bout d’un moment, la passion bénévole s’est étiolée et d’aucuns ont commencé à considérer que le mook leur prenait du temps qu’ils pourraient utiliser mieux autrement, dans d’autres projets ou tout simplement avec leur famille ou leurs amis. Alors, faute de pouvoir recruter une nouvelle équipe, nous avons préféré mettre fin à nos activités apr-s un ultime #15.

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